Pas besoin de brunch instagrammable pour bien commencer la journée. Dans les Cévennes, le petit déjeuner sent le feu de bois, le pain grillé, et les souvenirs d’antan. Il est simple, rustique, mais diablement efficace pour affronter une montée au col de Finiels ou une matinée à scier du bois.
Ce que l’on trouvait (et que l’on retrouve encore) sur la table
Le petit déjeuner cévenol, c’est d’abord le fruit du bon sens paysan. On mangeait ce qu’on avait sous la main… mais bien préparé :
- Du pain de la veille (ou mieux, cuit au four banal du village)
- Un peu de miel de châtaignier, sombre et corsé comme un conte de grand-mère
- Une tartinade de confiture maison (mûre, figue, ou coing, selon la saison)
- Du fromage de brebis ou de chèvre, frais du matin
- Une tasse de café bouillu ou d’infusion de thym
- Et parfois, pour les plus costauds : une tranche de fouace grillée, ou même un morceau de saucisson…
Pas de chichi, pas de cappuccino mousseux. Ici, on mange pour vivre, pas pour poster.
Plus qu’un repas : un moment de transmission
Le petit déjeuner était aussi un moment sacré :
On y partageait les tâches du jour, les nouvelles du hameau, et parfois les rêves de la nuit.
Le silence avait sa place, tout comme les rires étouffés entre deux tartines.
Dans certaines familles, on disait la météo en regardant la brume sur la montagne, tout en trempant le pain dans la soupe froide de la veille.
Les petits secrets d’autrefois
On raconte que manger trois châtaignes grillées à jeun protégeait des rhumatismes, et que celui qui préparait la boisson chaude devait y mettre une bonne intention, sinon la journée partait de travers.
Et attention : renverser le miel, c’était s’attirer la colère du lo Martinet, l’esprit taquin des petits matins.
En résumé :
Le vrai petit déjeuner cévenol ne se mâche pas vite : il se savoure avec le cœur, le nez, et les histoires de la veille.
